DIRECTEUR du COURS COMPLEMENTAIRE de
PORTO-VECCHIO de 1941 à 1961.
20 ANS DEVOUES A L’ ENSEIGNEMENT
Né le 26 Février 1914 à Jarnosse Loire.
Dernier d’une fratrie de quatre filles et deux garçons.
Son père était ouvrier agricole, sa mère faisait
fonctionner quatre métiers à tisser la soie que l’usine
voisine avait installés dans la maison.
Son frère ainé a été tué
à Meunes, près de Verdun en Mars 1918.
Son père est mort alors qu’il n’avait pas huit ans.
Il
est élève à
Jarnosse puis à Charlieu où la maladie le terrasse
quelques mois avant le concours d’entrée à l’Ecole
Normale de Roanne. Rétabli, son instituteur insiste pour qu’il
trouve un concours ouvert dans un département au mois de
septembre. Son choix, sur les conseils du médecin de famille, se
porte sur la Corse.
Ce sera Ajaccio.
Octobre 1936, il rentre à l’Ecole Normale d’Instituteurs.
Tout de suite conquis par le soleil, le maquis qui en cette saison
embaume, les montagnes rougeoyantes à chaque coucher de
soleil. Il fait de la Corse sa Patrie.
Adopté par l’ensemble de sa promotion, il noue des
amitiés fidèles : la guerre va les séparer, ainsi
il fut très affecté par la mort de son ami Joseph
Pietri sur le front de Monte Cassino.
Groupe scolaire Joseph Pietri
A l'école normale il rencontre Marie Marcellesi, originaire
de
Porto-Vecchio. A leur sortie de l’école, ils se marient et sont
nommés à Pietra-Corbara en 1938. Sa famille se compose
de deux enfants, trois petits enfants et une arrière petite
fille.
Léon BOUJOT est mobilisé à Bastia en attendant son
départ pour le front.
Les évènements se précipitent, les transports
maritimes étant peu sûrs, ce contingent est
démobilisé pour peu de temps. Dans cette «
drôle» de guerre, il rejoint l’Ecole Publique de
Porto-Vecchio en Octobre 1941. En Juillet 1942 il est nommé par
le Préfet, Directeur du Cours Complémentaire de
Porto-Vecchio.
Drôle de moeurs, drôle d’époque !
Mobilisé à nouveau en 1943. Il revient en 1945 à
son poste. Pour la rentrée des classes tout est à
réorganiser.
Il y resta 20 ans de sa vie. Il est très affecté
par le décès de Joseph Pietri, son ami, il doit se
battre pour imposer le nom de Joseph Pietri au fronton des Ecoles.
Maintenant il faut réorganiser l’Ecole, la
tâche est
importante.
Le Groupe Scolaire avait été bombardé et la
partie centrale est inutilisable. Il a commencé par
s’improviser « chef de chantier», aidé en cela par
la Délégation Spéciale mise en place
à
la Libération de Porto Vecchio, la Municipalité ayant
été dissoute. Le Président, qui faisait fonction
de Maire, était Jean-Baptise Marcellesi : ainsi il a pu
obtenir que les prisonniers de guerre allemands du camp de Palavesa
viennent chaque jour démolir ce qui était dangereux
pour les élèves dans le groupe scolaire bombardé
afin de reconstruire et faire redémarrer l’Ecole. Il veillait
aussi à ce que les prisonniers soient nourris, et qu’ils
aient à midi un repas chaud. Il a pu ainsi utiliser cette main
d’oeuvre pour construire une salle des fêtes en sous-sol,
grâce à des dons pour acheter le ciment, le bois, les
matériaux qui étaient nécessaires. Les
élèves étaient tous mobilisés pour des
tâches matérielles, ramasser les cailloux pour les
empierrements, par exemple... Les sorties promenades,
conduisaient tous les élèves, dans le terrain où
se
situe actuellement le Collège, permettant de ramener les
souches de bruyère qui alimentaient les poêles à
bois dans chaque classe. A tour de rôle, les
élèves étaient préposés à
l’entretien du feu. La vie matérielle par ces temps de disette,
s’organisait, la solidarité s’étoffait. En même
temps, il fallait organiser les emplois du temps, gérer les
activités péri-scolaires.
La Culture était pour
lui une priorité absolue, il fallait que tout le monde y
accède. Ainsi il a créé la Bibliothèque de
l’Ecole : chaque semaine, du temps était réservé,
dans chaque classe les livres étaient échangés.
Ceux-ci étaient couverts, étiquetés et
entretenus. Un atelier de reliure a été
créé. Ce travail manuel avait une fonction
éducative qui permettait de montrer qu’il n’y avait pas de
métier plus ou moins noble. Au bout de quelques
années plus de sept cent livres tournaient chaque semaine dans
les classes.
L’inauguration de la Salle des Fêtes a été
l’occasion d’une mobilisation quasi-générale. Des
spectacles de danses ont été créés, des
pièces de théatre montées. Les décors
étaient le fruit du travail de tous.
Et il y a une chose qui a fortement affecté Leon Boujot : un
violoniste se trouvait parmi les prisonniers du camp de Palavesa. Deux
violons ont été prêtés par un habitant de
Porto-Vecchio, lui même violoniste. Hans et Roger ont
répété et Léon Boujot a
suggéré que ces quelques pièces soient
jouées devant le public dans la salle des fêtes. Cela a
provoqué un tollé de la part de personnes, qui
n’acceptaient pas qu’un allemand prisonnier de guerre puisse jouer du
Mozart dans un lieu public...
L’activité artistique s’est éteinte. La Salle des
Fêtes est donc devenue une salle de projection de films
éducatifs. Léon Boujot était le projectionniste
et le gestionnaire des programmes et des films. Puis est venu le
moment, évident pour lui, de créer une classe Section
Spéciale de préparation à l’entrée à
l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio. Y entrèrent
trois à sept élèves par an pendant 20 ans. Il y a
eu 20 majors de promotion. L’installation d’un centre de
pyrogravure a été pour lui une joie de
transmettre son savoir faire.
Sur sa lancée, il met en place une Section Agricole. Un poste
est créé par le Rectorat et le « maestro di i
patati » prend ses fonctions, son métier à bras le
corps. C’est une réussite pour la plupart des enfants.
Leon Boujot découvre aussi l’Ecole d’Application des
Travaux
Publics d'EGLETONS.
Au début il a fallu convaincre les parents pour que les
élèves intègrent cette Ecole.
La Corse est loin de la
Corrèze, et les parents d’élèves plutôt
désargentés. Il se bat pour créer à
Porto-Vecchio
un centre d’examen pour toute la Corse. C’est une très belle
réussite car tous ceux qui sont passés par cette Ecole
constituent 50 ans après, une élite industrielle
reconnue.
Son travail de transmission du savoir, ne s’est pas
arrêté à son départ de Porto-Vecchio. Il ne
faut pas occulter la reconnaissance de tous ceux qui autour de
Jean-Baptiste Marcellesi ont permis son épanouissement. En
effet bien qu’ayant toujours refusé toute activité
publique, il a été en toute discrétion un
résistant engagé non dans le verbe mais dans l’action.
La légende veut que l’horloge sur le fronton du groupe
scolaire se soit arrêtée le jour du départ de
Léon Boujot ...
Si le nom de Léon BOUJOT est inscrit au fronton du
Collège
c’est
grâce à la mobilisation importante de la quasi
totalité de ses anciens
élèves et de ses amis, de leurs parents et de tous
ceux qui, l'ayant connu et apprécié durant des
décennies, n'ont pu l'oublier. Ainsi ils ont tenu à ce
que les jeunes générations et les nouveaux venus puissent
découvrir l'exceptionnelle personnalité du Directeur du
Cours Complémentaire de Porto-Vecchio.
Ils ont voulu exprimer leur reconnaissance au professeur de
mathématiques, au directeur dynamique et
efficace mais surtout à l'homme de coeur.
A une
époque où n'existaient pas les cars de ramassage et
où les enfants des villages environnants étaient
placés, souvent au prix de durs sacrifices, dans des familles
afin de suivre une scolarité normale, il se substituait aux
parents
absents pour exercer une surveillance stricte sur le travail post
scolaire de ces élèves !
Au palmarès des réussites au brevet et au concours
d'entrée à l'Ecole Normale, Léon Boujot avec son
équipe pédagogique, a su porter haut les couleurs du
Cours Complémentaire de Porto-Vecchio !
Que soit remercié JEAN-PAUL de ROCCA-SERRA qui avait
souhaité un lieu de culture au nom de Léon Boujot.
Que soient remerciés tous ceux qui ont oeuvré pour que le
nom de Léon Boujot soit donné au COLLEGE 1 : ils ont
voulu saluer le souvenir de celui qui, durant vingt ans, n'a
ménagé, ni son temps, ni sa peine, leur valeureux
Directeur qu'ils n'oublieront jamais !